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Mardi : Bataillance, morne journée


Journée de transition après une longue course, la veille, qui a laissé des traces dans les jambes et sur le moral des troupes.
Au petit déjeuner, Xavier se pointe avec trois quart d'heure de retard.
Alors que nous n'étions plus que deux à finir de nous restaurer( je mange lentement), il me confie son désir d'arrêter le stage le matin même et de partir .... à la mer, en Bretagne.
Il estime ne pas être au niveau physiquement et manquer d'expérience et de pratique notamment en technique alpine ou sur terrain difficile.
La veille, il avait semblé très mal à l'aise sur un cours passage de 2 sup. Ca a laissé des traces.
Je lui remonte le moral : d'autres ont du mal à tenir le rythme (qui n'est quand même pas Dantesque (cf infernal)) notamment Francis.
Quant à l'expérience, c'est vrai qu'il est juste, mais c'est justement dans ce genre de stage qu'il pourra se forger un moral en béton et le stage va encore réserver quelques surprises.

Un quart d'heure plus tard, il est dans la voiture, en direction de Bataillance.
Sur la route , je fais un rapide check-list : il me manque quelque chose d'important, mais quoi ?
Je n'arrive pas à savoir.
Nous arrivons à l'entrée du tunnel.
Je sors. Le froid me saisit.
Je me précipite pour prendre ma veste Gore Tex, trois couches, conditions extrêmes....
.... j'avais oublié ma veste !
et me voilà qui redescend en vallée pour rechercher ce précieux bout de Gore Tex.
Pendant ce temps là, la petite troupe s'élance vers Bataillance.
Francis n'avait pas réglé ses crampons, nécessaires pour passer le ressaut du départ, au dessus du torrent.
Jean Pierre Petit qui menait ce jour là ne s'en aperçoit pas. Il passe le goulet sans se retourner.
Laborieuse "séance réglage" de crampons rouillés en compagnie de Stéphane et Xavier qui n'a toujours pas le moral.

Pendant ce temps, après 15 mn de marche, Jean-pierre Petit s'aperçoit des absents alors qu'il sont hors de sa vue.
Tout le monde stoppe et patiente.
10 mn, 15 mn, 20 mn. Personne ne vient.
Pierre (le guide) est très inquiet . Il craint le pire et imagine déjà Xavier dans le torrent (il y a déjà eu un noyé à cet endroit là !).
La troupe est sur le point de redescendre quand nos trois compères apparaissent.
Tout le monde a froid et Jean Pierre Petit se fait rappeler à l'ordre sur l'une des principales règles de gestion de groupe en montagne ; rester en contact visuel, surtout sur un passage aussi critique !

A mon tour, j'arrive peu après à l'entrée du tunnel avec ma veste.
Alors que je me prépare, j'entend des râles, des jurons, des cris !
Un marcheur solitaire tente de passer le ressaut (qui est quasiment en glace) en chaussures de ski et sans crampons. Il est en très mauvaise posture et à deux doigts de dévisser dans le torrent. De la voiture, je lui hurle de passer par les rochers et de redescendre. Mais les gens sont têtus et une fois sur les rochers, il continue à monter toujours à deux doigts d'une chute probablement fatale.
Un peu plus tard, je le rattrape et je lui demande "ça fait quoi d'être vivant". Alors qu'il est encore tout blanc, il ne semble pas comprendre ma question. Tant pis pour lui ! Il a eu de la chance cette fois-ci. Sans crampons, il n'en n'aura pas à chaque fois. Ainsi vivent et meurent les "touristes" en montagne.

Je rejoins plus tard le reste du groupe et vu que le sommet est encapuchonné par les nuages, nous décidons de faire quelques amarrages en neige avec corde fixe et rappel en ski.
Trois amarrages sont placés (skis plantés droit dans la neige, skis en croix enfoncés pour moitié dans la neige et piolet debout enfoncé dans la neige). Tous les trois exploserons dès la première sollicitation. Pierre s'énerve et s'étonne du manque de métier des stagiaires. En testant un nouvel amarrage qui explose lui aussi, je me démets une cervicale.
Quelle journée !
Bon, on finit par enterrer un piolet et une paire de ski horizontalement dans la neige.
Ces ancrages tiendront.
Tous le monde descend en rappel-dérapage un couloir de neige de 40-45 °..
Un peu plus bas, atelier brochage sur glace et mouflage.
Le soir, grosse explication de Pierre qui estime que le niveau technique de tous est assez (voir très) faible et qu'ils ont trois jours pour se mettre à niveau.
Samedi prochain vérification des connaissances et épreuves individuelles !
Tout le monde est fixé. Pierre continue de placer la barre bien haut.
Le soir, brillant exposé de Stéphane sur... la gestion du stress et l'approche du risque en montagne.

Pic de Bataillance 2604 m - Stage initiateur 2000


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dimanche 2 mars 2008


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